Ce qui ne va pas dans l'église catholique québecoise
Imaginez une église plongée dans la noirceur, comme l’intérieur d’un tombeau. Tout à coup, les portes arrière de l’église s’ouvrent et la lumière faible d’un feu survient. L’invitation suivante nous est lancée:
“Frères et sœurs bien-aimés, en cette nuit très sainte où notre Seigneur Jésus-Christ est passé de la mort à la vie, l’Église invite tous ses enfants disséminés de par le monde à se réunir pour veiller et prier.”
Le feu est bénit, le cierge pascal est allumé et on procède vers l’avant en chantant les paroles anciennes: “lumière du Christ.” Le peuple répond avec “nous rendons grâce à Dieu.” Peu à peu, l’église s’éclaire à la lumière de multiples cierges allumés à partir du cierge pascal, jusqu’à ce que l’église entière soit complètement illuminée par des cierges allumés. C’est comme ressortir du tombeau avec le Christ.
Imaginez plutôt maintenant, qu’on a laissé une allée de l’église allumée par des lumières électriques (soit planifié de même, ou par oubli). Ça n’a plus du tout le même effet. On ne vit plus la même chose et on perd un peu le sens.
Imaginez encore, la lecture des écritures saintes, paroles pleines de sens; les mêmes qui ont retenti dans plusieurs langues depuis des millénaires. L’histoire du salut traverse le temps par ces paroles anciennes et saintes du peuple juif. À travers ces paroles, on est connecté à toutes les générations précédentes qui ont, eux aussi, répété les mêmes mots.
Imaginez à présent, qu’on remplace ces écritures par une version moderne, qu’on préfère à l’écriture sainte. Que lui manquait-elle, à l’écriture sainte, qu’on la remplace? Si elle n’était pas claire, il y a un temps prévu justement pour ajouter des clarifications et faire des commentaires. Ce temps s’appelle “homélie” et si ce n’est pas assez, il existe un autre temps, en dehors de la messe, qui s’appelle “catéchèse.”
Non seulement est-il contre le code canonique de remplacer la lecture de l’écriture sainte pendant la messe par toute autre lecture, aussi belle soit-elle, c’est un appauvrissement de la messe et non pas un enrichissement de celle-ci. C’est vanité de croire que nous pouvons remplacer la parole de Dieu avec notre propre parole.
Il va sans dire que j’ai été un peu déçue de la veillée pascale cette année. La liturgie de la lumière est une de mes préférées, plonger dans la noirceur pour renaître avec le Christ dans la lumière est une expérience qui me donne des frissons à chaque année. C’est pareil quand je réécoute ces paroles anciennes qui racontent l’histoire du salut; NOTRE histoire.
Quand on vient à la messe, surtout la messe de la veillée pascale, ce n’est pas pour de la nouveauté qu’on vient. Ce n’est pas pour une liturgie simplifiée ou infantilisée. C’est pour la solennité, le symbolisme et le sens profond que seule la tradition peut offrir.
Comme on dit en anglais: “If it ain’t broke, don’t fix it.” Si ce n’est pas cassé, n’essayez pas de le réparer.
Ce n'est peut-être pas pour rien que les églises les plus vibrantes sont aussi les églises qui gardent les traditions.
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