Doit-on permettre l’aide à mourir?

(Un travail que j'ai rédigé pour un cours de rédaction l'automne dernier.)

L’euthanasie est légale au Canada depuis 2015, mais est-ce qu’elle est un bien moral pour la société? Il ne suffit pas d’être légal pour qu’une chose soit morale. L’euthanasie n’est pas un soin, elle est une fuite. La personne qui veut mourir fuit la souffrance et une société qui voit la personne comme un fardeau fuit la responsabilité. Ce qui commence par le « droit » de mourir peut très bien devenir le « devoir » de mourir.

La souffrance insupportable, qu’elle soit physique ou psychologique, doit être adressée de manière convenable. La douleur physique incontrôlable est rare avec les avancées considérables des dernières années et est souvent due à un manque de formation. Il faut comprendre les facteurs qui peuvent influencer la douleur. « Heureusement, le système nerveux peut changer et devenir moins sensible et réactif […], mais cela prend du temps, des répétitions fréquentes et de la pratique. »  (Hôpital d’Ottawa) La solution toute faite n’existe pas, il faut traiter les patients au cas par cas. De plus, ceux qui veulent mourir sont souvent déprimés, se sentent isolés ou ont l’impression d’avoir perdu la dignité. Or, le suicide n’est pas un traitement pour la dépression. En Oregon, entre autres, le nombre de suicides assistés augmente, mais moins de patients sont dirigés en psychiatrie. (Oregon Health Authority) (Aaron Kheriaty) Le suicide ne redonne pas la dignité. Les autochtones reconnaissent que leurs aînés sont une source de sagesse et de connaissances, et leur donnent une réelle place d’honneur. Pour eux, il « est très important d’établir des liens entre les jeunes et les aînés au sein d’une communauté par le biais d’activités avec lesquelles ils sont à l’aise ». (Réseau international des forêts modèles) La dignité vient du sentiment d’appartenance à une communauté et de la conviction d’être une personne de valeur. Quand on élimine la douleur physique et la souffrance psychologique, les gens n'éprouvent plus le désir de mourir.

Traiter une personne de fardeau qui épuise les ressources de la société est une vision déshumanisante qui peut pousser les gens à se sentir obligés de mettre fin à leur vie. Une injection coûte moins cher que certains soins et services, et le gouvernement semble avoir « [choisi] une voie facile et économique. » (Pierre Saint-Arnaud) D’autre part, se faire dire que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue est insultant pour ceux qui ont un handicap. Leur offrir l’aide médicale à mourir comme solution facile normalise « davantage le capacitisme auquel [ils sont] tous les jours confrontés. » (Conseil des Canadiens avec déficiences) Il serait plus avantageux d’investir dans des programmes qui les aideront à atteindre tout leur potentiel. Nick Vujicic, né sans bras ni jambes, est aujourd’hui reconnu internationalement comme conférencier inspirant et vit une vie pleinement valorisant. Bref, l’aide à mourir ne doit pas être plus facile à obtenir que l’aide à vivre.

La société a le devoir de soulager la douleur physique des gens, et de réduire leur souffrance et leur solitude. Plutôt que de voir les personnes comme un fardeau il faut chercher des moyens d’aider les gens à vivre selon leurs pleines capacités. L’euthanasie est une fuite et non pas une solution. Avec les ressources nécessaires, les gens sont capables de surmonter bien des épreuves. 

Bibliographie

(Sources non incluses dans le cadre du cours)

Campagne Québec-Vie. « L’euthanasie et Le Suicide Assisté : Pourquoi Pas? » Campagne Québec-Vie, https://www.cqv.qc.ca/l_euthanasie_et_le_suicide_assist_pourquoi_pas. Consulté le 15 octobre 2021.

Clinique de la douleur de l’hôpital d’Ottawa. Contrôle de la douleur : approche interdisciplinaire, http://www.ottawahospital.on.ca/wp-content/uploads/2017/11/pain-clinic-education-sessions-handout-french.pdf. Consulté le 15 octobre 2021.

Conseil des Canadiens avec déficiences, Des experts des Nations Unies condamnent l’attribution de l’aide médicale à mourir aux personnes handicapées n’étant pas en fin de vie, et de ce fait, le Canada n’est plus un leader international en matière de droits de la personne, 29 janvier 2020, http://www.ccdonline.ca/fr/humanrights/endoflife/Media-Release-29Jan2020. Consulté le 15 octobre 2021.

Gouvernement du Québec. Exigences requises - Aide médicale à mourir. https://www.quebec.ca/sante/systeme-et-services-de-sante/soins-de-fin-de-vie/aide-medicale-a-mourir/exigences-requises/. Consulté le 15 octobre 2021.

Kheriaty, Aaron. « Oregon Assisted Suicide Law No Model for California. » The Mercury News, 2 septembre 2015, https://www.mercurynews.com/2015/09/02/aaron-kheriaty-oregon-assisted-suicide-law-no-model-for-california/. Consulté le 15 octobre 2021.

Nick Vujicic. https://nickvujicic.com/. Consulté le 16 octobre 2021.

Oregon Health Authority. Oregon  Death with  Dignity  Act 2020  Data  Summary. Oregon Health Authority - Public Health Division, 26 février 2021, https://www.oregon.gov/oha/PH/PROVIDERPARTNERRESOURCES/EVALUATIONRESEARCH/DEATHWITHDIGNITYACT/Documents/year23.pdf. Consulté le 15 octobre 2021.

Réseau international des forêts modèles, Apprendre de Nos Aînés :  Des Jeunes Autochtones  Renouent Avec Leur Culture, 2019, https://rifm.net/wp-content/uploads/2019/01/FactSheet_Fre_Elders.pdf. Consulté le 15 octobre 2021.